Personne qui fait des expériences : quel est son nom ?

22 août 2025

Attribuer un nom unique à celui qui conçoit et mène des expériences n’a jamais fait consensus dans la communauté scientifique. Les termes varient selon les disciplines, les époques et la nature des recherches, brouillant parfois la reconnaissance des figures majeures.

Certains cas célèbres, comme ceux de Stanley Milgram et Ivan Pavlov, illustrent combien le rôle de ces individus dépasse la simple exécution technique pour s’étendre à des questions d’éthique et d’impact social. Comprendre qui ils sont, c’est aussi saisir la portée et les conséquences de leurs travaux sur la psychologie moderne.

A lire également : Quels sont les 3 savoirs ?

Qui sont les pionniers des expériences psychologiques ?

Certains chercheurs n’ont pas hésité à franchir la ligne rouge pour repousser les frontières de la connaissance. Avant l’ère des comités d’éthique, l’expérimentation sur soi était le terrain de jeu favori de ces pionniers. Qu’ils soient médecins, physiciens ou biologistes, ces femmes et ces hommes ont fait de leur propre corps le premier laboratoire, assumant tous les risques pour faire avancer la science.

Voici quelques exemples saisissants de cette audace scientifique :

Lire également : Formation santé : quelles options choisir pour une carrière réussie ?

  • Stubbins Ffirth (médecine) a défié la peur en s’exposant volontairement à la fièvre jaune, allant jusqu’à ingérer des fluides contaminés pour prouver qu’il n’y avait pas de contagion.
  • Johann Wilhelm Ritter (physique) a utilisé l’électricité sur lui-même, multipliant les expériences jusqu’à la découverte des rayons ultraviolets, au tout début du XIXe siècle.
  • Nicolae Minovici a testé sur son propre corps l’auto-asphyxie, cherchant à comprendre les effets physiologiques d’une pendaison, entre médecine légale et exploration des limites humaines.
  • John Paul Stapp (biophysique) a poussé l’organisme aux limites du supportable, se soumettant à des décélérations extrêmes pour améliorer la sécurité aéronautique.
  • Henry Head (neurologie) s’est fait sectionner des nerfs afin d’étudier la récupération sensorielle, allant là où peu de chercheurs auraient osé s’aventurer.
  • Evan O’Neil Kane (chirurgie) s’est opéré lui-même, retirant d’abord son appendice puis traitant une hernie, pour prouver la faisabilité de telles interventions en autonomie.

À l’aube du XXe siècle, de Paris à Cambridge en passant par Lyon, ces expériences hors norme ont façonné le visage du scientifique prêt à tout pour percer les mystères du vivant ou des lois physiques. Cette tradition de l’engagement total, célébrée par le CNRS, les universités et les prix Nobel, a profondément marqué la psychologie et la médecine modernes. À travers de tels parcours, la science révèle une part de folie créatrice, où la barrière entre sujet et objet d’expérience s’efface jusqu’à devenir invisible.

Ivan Pavlov et Stanley Milgram : deux noms indissociables de la recherche expérimentale

Dans l’histoire de la psychologie expérimentale, deux figures se détachent : Ivan Pavlov et Stanley Milgram. Pavlov, physiologiste russe, s’impose au début du XXe siècle avec une découverte qui marquera durablement la compréhension du comportement : le conditionnement. En observant les réactions de ses chiens, il montre comment un simple signal peut déclencher une réponse physiologique, dévoilant ainsi la force de l’apprentissage par association. Couronné du prix Nobel de physiologie en 1904, il ouvre un sillon majeur pour toute la psychologie du comportement, tant animale qu’humaine.

Des décennies plus tard, Stanley Milgram, lui, choisit un autre terrain : celui de l’obéissance. En 1961, dans un laboratoire de Yale, il imagine une expérience qui va bouleverser les certitudes : des volontaires, persuadés de contribuer à une étude sur la mémoire, acceptent d’infliger, croient-ils, des décharges électriques à un inconnu sur ordre d’une autorité. Les résultats, relayés par l’Oxford University Press et la Proceedings of the National Academy of Sciences, sont glaçants : la plupart des participants obéissent, même lorsque le « cobaye » supplie qu’on arrête.

Pour mieux cerner la portée de leurs travaux, il faut revenir sur deux notions-clés :

  • Conditionnement pavlovien : l’apprentissage par association, où un stimulus neutre finit par déclencher une réponse physiologique grâce à la répétition.
  • Obéissance à l’autorité : la tendance des individus à se plier à un ordre, même s’il va à l’encontre de leurs valeurs ou de leur conscience morale.

De Strasbourg à New York, ces expériences fondatrices interrogent la part de responsabilité de chacun et la force des normes collectives. Les travaux de Pavlov et Milgram continuent d’alimenter les débats : jusqu’où la science peut-elle aller ? Quel équilibre entre découverte et respect de la dignité humaine ? L’éthique, aujourd’hui, s’invite à chaque étape de la recherche.

Quelles leçons tirer de leurs expériences majeures ?

Avec Pavlov et Milgram, la psychologie a changé d’échelle. Chez Pavlov, le conditionnement révèle que les comportements ne sont pas seulement affaire de volonté, mais aussi de réactions automatiques façonnées par l’environnement. Un son répété peut, à la longue, déclencher une salivation chez le chien, sans qu’il y ait nourriture à l’horizon. Ce mécanisme, loin d’être anecdotique, fonde l’apprentissage chez l’animal comme chez l’humain : répétition, association, régularité, voilà les leviers de l’adaptation.

Milgram, lui, met le doigt sur la capacité de l’homme à se soumettre à l’autorité. Son expérience montre que, sous la pression d’une figure légitime, la plupart des individus acceptent d’exécuter des ordres contraires à leur morale. Ce constat a bouleversé la psychologie sociale : il met en évidence la puissance du contexte, du groupe, du prestige institutionnel dans la construction des choix individuels. La notion même de responsabilité se trouve interrogée.

Ces expériences ont aussi eu un effet collatéral majeur : elles ont lancé le débat sur les balises éthiques de la recherche. Jusqu’où aller pour comprendre l’esprit humain ? La protection psychique des volontaires, la transparence des méthodes, le consentement sont désormais des garde-fous incontournables. Cette vigilance est née des questions soulevées par ces travaux, et irrigue aujourd’hui tous les champs de la recherche, jusqu’aux technologies immersives.

Chez les chercheurs, ces leçons restent vivaces : elles rappellent que l’étude du comportement et de l’influence sociale ne va jamais sans responsabilité. Les expériences de Pavlov et Milgram servent de boussole, que l’on soit clinicien, enseignant ou spécialiste des dynamiques collectives. Elles montrent combien il est difficile, mais nécessaire, de penser la liberté, l’autonomie et la capacité de résistance humaine à l’épreuve de la norme.

chercheur scientifique

Comprendre l’impact durable de ces découvertes sur la psychologie contemporaine

Aujourd’hui, la psychologie contemporaine s’appuie largement sur l’héritage de Pavlov et Milgram. Le conditionnement classique, révélé par les expériences sur les chiens, et l’obéissance à l’autorité, mise en évidence par les protocoles de Milgram, sont au cœur de la formation des psychologues. Ces concepts traversent les universités, de Paris à Oxford, et nourrissent la réflexion autour des pratiques cliniques, de la pédagogie et même de la gestion des ressources humaines.

Les débats provoqués par ces expériences ont profondément modifié les règles du jeu. Le consentement éclairé et la protection des participants sont devenus des piliers de la recherche crédible. Les comités d’éthique, nés des dérives du XXe siècle, garantissent aujourd’hui la rigueur scientifique. Cette exigence s’est imposée, en partie, après les procès de l’après-guerre, où le rôle des médecins et scientifiques dans les expérimentations des camps de concentration fut mis en accusation.

Dans les domaines de la santé mentale, de la formation et des ressources humaines, les applications sont multiples. Mieux comprendre comment s’acquièrent les apprentissages, anticiper les risques de manipulation ou de soumission à l’autorité, permet d’adapter les méthodes en milieu scolaire, hospitalier ou en entreprise. Les travaux de Pavlov et Milgram, bien que parfois méconnus du grand public, continuent d’irriguer les sciences humaines, d’inspirer des recherches sur la transmission, la transformation des normes et la dynamique des groupes.

Ceux qui mènent des expériences, pionniers, chercheurs ou praticiens, laissent une empreinte discrète mais profonde sur notre manière d’appréhender l’humain. Leur quête, parfois solitaire, façonne encore aujourd’hui notre capacité à questionner, à comprendre et à agir sur le monde social.

D'autres actus sur le site